5 juillet 2021

Métiers - conditions de travail

Le DNB, triste point d’orgue d’une année chaotique en collège

Le DNB, triste point d'orgue d'une année chaotique en collège

Cette année, le collège a été malmené par l’administration : dispositifs une classe/une salle, auto-évaluation… Mais le paroxysme a été atteint avec le brevet.

DNB : DES ÉPREUVES HORS DU TEMPS

Les épreuves écrites du DNB se sont tenues les 28 et 29 juin, sans préparation ni aménagements, malgré la situation sanitaire.

Dans notre académie, l’organisation a été chaotique : faisant les frais d’une diminution des moyens à l’œuvre depuis des années, la DEC (Direction des Examens et Concours) n’a pas été capable de gérer correctement le recrutement de correcteurs.trices, et l’envoi des convocations. Résultat : des collègues ont appris qu’ils étaient convoqués la veille pour le lendemain (voire n’ont jamais reçu la convocation), le manque d’examinateurs.trices a été criant des certains centres et pour certaines matières (l’administration a même demandé aux harmonisateurs.trices de corriger en plus de leur mission). En sciences, l’absence de séparation des copies entre SVT et Physique-Chimie, et l’enregistrement des notes exercice par exercice, ont considérablement alourdi la quantité de travail et obligé les correcteurs.trices à revenir le vendredi (quand les autres matières avaient terminé le jeudi).

Avec le Covid19, sans règles nationales claires, les professeurs ont dû faire individuellement des choix quand il n’était pas possible de travailler dans les conditions habituelles. Mais malgré cela et les lacunes accumulées par les élèves l’an dernier avec le premier confinement, puis lors du troisième confinement, ainsi que des situations provoquées par le virus (fermetures de classes parfois répétées pour cause de cas covid ou d’éviction, demi-jauge, et confinement pendant quelques semaines pour les 4e et 3e), le ministère a refusé d’aménager programmes et épreuves du DNB, malgré les propositions du SNES-FSU.

Un nouveau cap a été franchi dans la provocation et le mépris avec l’épreuve de français : le texte était difficile d’accès pour beaucoup d’élèves, relevait du programme de Quatrième, année la plus perturbée par le Covid19. C’est l’égalité entre les candidats qui est ainsi balayée par le choix d’un tel sujet.

En physique-chimie, certaines questions relevaient aussi du programme de Quatrième. En SVT le thème choisi est dans le programme de cycle, mais est généralement abordé en Cinquième, et les questions longues, ouvertes avec beaucoup d’analyse de documents, ont pu déstabiliser les élèves. En Histoire-géographie certains points du sujet sont plutôt traités en fin d’année par les professeurs et n’ont pas forcément été vus ou seulement à distance par certains élèves.

Le ministère porte la responsabilité de ces sujets qui ont mis les élèves en difficulté suite à deux années scolaires perturbées. C’est un mépris pour le travail des élèves qui se sont préparés sérieusement pour ces écrits, comme pour leurs professeurs qui ont tout fait pour accompagner au mieux leurs élèves jusqu’à l’examen, dans un contexte difficile.

Même lors d’une année « normale », le rapport au temps des élèves de collège leur permet difficilement de faire appel à certains sujets ou notions lointaines de Quatrième ou de Cinquième, surtout pour les plus fragiles. Le SNES-FSU demande qu’à l’avenir les sujets portent exclusivement sur les questions ou thèmes abordés en Troisième.

Le mépris pour les professeurs se voit aussi dans les conditions de correction du DNB : une « bienveillance » frôlant le non-sens a été exigée des professeurs, ce qui ajoute au sentiment de perte de sens du métier. Quant à la rémunération : le SNES-FSU demande que l’épreuve orale soit indemnisée, conformément à l’arrêté de 2012, et que les montants de rémunération concernant la correction des copies et l’épreuve orale soient revalorisés.

À lire également sur ce sujet : l’article du SNES national

RETOUR SUR LES DERNIERS MOIS

Le dispositif une classe/une salle, lorsqu’il n’a pas pu être remis en cause par les équipes, a participé à dégrader les conditions de travail des professeurs de collège cette année, augmentant leur stress et leur fatigue. Attention, quelques chefs d’établissement comptent encore l’imposer à la rentrée 2021 ! Les équipes qui ne sont pas volontaires doivent avertir leur section syndicale et peser collectivement pour retrouver une situation d’enseignement moins contraignante.

L’évaluation externe systématique, après une première phase d’autoévaluation, a été mise en œuvre conformément à la loi « Pour une école de la confiance » et ce malgré la crise sanitaire. Nous avons obtenu qu’elle ne se pratique que sur la base du volontariat. Plusieurs établissements ont été évalués, malgré la fatigue des équipes. Cela pourra amener des rectorats à modifier les contrats d’objectifs dans certains collèges : or, certaines des obligations des personnels découlent de ces contrats. Vigilance donc…