7 septembre 2023

Foire aux questions

Auto-évaluation
Informer les collègues
Investir le procédé ou le dénoncer !

Auto-évaluation Informer les collègues Investir le procédé ou le dénoncer !

Mise à jour : la liste des 100 établissements concernés de l’académie pour l’année scolaire 2023-2024

L’arrivée de Gabriel Attal au ministère aurait pu être l’occasion de mettre fin à un processus qui relève d’une logique néo-managériale désormais bien connue : faire accepter aux personnels l’idée qu’il.elle.s seraient responsables des résultats des élèves (« culture de l’évaluation »), et qu’il.elle.s devraient rendre des comptes à la hiérarchie locale (pilotage managérial) et même aux usager.e.s (« transparence »), mais que nenni !

Cette année encore, nous sommes face à une démarche qui vise à reconfigurer le service public d’éducation pour le faire entrer, in fine, dans une logique de marché : classement, concurrence, et conditionnement des moyens selon la « performance ».

Péniblement lancée à la rentrée 2020 par JM Blanquer, sous l’égide du Conseil de l’Evaluation de l’Ecole, l’autoévaluation est un processus qui veut conduire à la réécriture du projet d’établissement et à l’approbation du contrat d’objectifs.
En juin 2020, le ministre Blanquer installait le Conseil d’Évaluation de l’Ecole (CEE), issu de sa loi dite « pour une école de la confiance » (2019) et totalement à sa main : LOI n° 2019-791 du 26 juillet 2019 pour une école de la confiance (1) - Légifrance (legifrance.gouv.fr) Rapidement, le CEE produisait une multitude de guides, de chartes et autres outils technocratiques destinés officiellement à « diffuser une culture de l’évaluation » (Conseil d’évaluation de l’École (education.gouv.fr) ). Sauf que le cadre « très souple » a été imposé scrupuleusement aux établissements concernés en 2020-21 (cf. https://lyon.snes.edu/Auto-evaluation-des-etablissements.html), à nouveau pour ceux qui étaient concernés en 2021-22 et l’est à nouveau en 2022-2023 dans de nouveaux établissements (liste à venir sur ce site).

Quelles obligations de service ? Quelle stratégie collective ?

L’autoévaluation des établissements est finalement victime d’une contradiction indépassable : présentée compulsivement par l’Institution comme un processus participatif, elle est avant tout un exercice imposé par l’autorité académique résultant d’une commande politique. Mais pour rassurer les personnels de l’éducation nationale rétif.ve.s à l’obligation de résultats et à la politique du chiffre, cette auto-évaluation est présentée sous des dehors séduisants : elle leur promet une plus grande implication dans tous les aspects de la vie de l’établissement, et la prise en compte de leurs souhaits dans le rapport qui doit être rédigé par le.la chef.fe d’établissement. Elle est présentée comme une démarche qualitative « gagnant-gagnant », qui permettra à tous les acteur.rices d’en tirer un bénéfice quotidien. En réalité, il n’en est rien : aucune disposition réglementaire ou législative ne permet d’imposer la participation des collègues à un processus qui a certes, pour objectif final de contraindre l’exercice de leurs missions en alimentant le projet d’établissement et le contrat d’objectifs, mais dont les modalités, le calendrier et les étapes n’ont pas de fondement juridique. Ce qui explique justement la façade « participative » et « impliquante » donnée à l’affaire, et non pas le souci de faire vivre la démocratie en EPLE !
Objectif de l’autoévaluation version Blanquer : faire entrer dans les collèges et lycées la « culture de l’évaluation », et parvenir à susciter, à l’interne, des modifications d’organisation et des pratiques professionnelles en réalité conformes aux prescriptions ministérielles. Cette « culture » vise à faire intégrer l’idée que ce sont les personnels, et non les moyens alloués à l’Education nationale, qui sont responsables de la réussite scolaire et la qualité du service public. À terme, les personnels devraient donc rendre des comptes sur les résultats chiffrés obtenus.

« Phase d’autoévaluation »

  • « Boîtes à outils » et questionnaires : « Ces outils n’ont pas vocation à normer leur démarche » et ne sont que « mis à disposition » (sic) ... Mais les personnels de direction sont fortement incité.e.s à utiliser des questionnements extrêmement orientés et précis : la question du renseignement de ces questionnaires « prêts-à-l’emploi » (élèves comme parents sont concerné.e.s) se pose donc légitimement. En tout état de cause, il ne peut être imposé d’y répondre !
Boîte à outils collège Boîte à outils lycée Questionnaires collège Questionnaires lycée
  • La mise en place éventuelle d’un « comité de pilotage » et de commissions thématiques, suggérée pour engager les équipes dans la démarche n’est pas obligatoire, et la participation des collègues ne relèvent que du volontariat. Le SNES-FSU Lyon conseille de réfléchir collectivement à l’attitude à adopter face à ce type de propositions issues du document de cadrage produit par le CEE qui organisent le contournement des élu.e.s des personnels.
    Cadre général :

Dans ce contexte « évaluatif », seuls les conseils d’enseignement pourraient imposer la participation des équipes : nous rappelons que le conseil pédagogique ne réunit que des volontaires et ne formule que des avis consultatifs.

  • Le rapport d’auto-évaluation n’est que « communiqué » au conseil d’administration. C’est l’occasion pour les représentant.e.s des personnels d’exposer leur point de vue sur la démarche, ses finalités et le contenu du rapport qui est à la main du.de la chef.fe d’établissement et président.e du CA : une motion des personnels d’enseignement et d’éducation peut résumer notre position et nos craintes.

« Phase d’évaluation externe »

  • Le chef d’établissement et les évaluateur.rice.s « externes » à l’établissement (mais internes à la hiérarchie académique : autres personnels de direction, IA-IPR, « cadres académiques ») réalisent de concert une « grille de questionnement, d’entretiens et d’observation » avant la visite de l’établissement : les collègues, via leurs élu.e.s par exemple, ont tout intérêt à demander communication de ce document et à en débattre collectivement.
  • la visite en établissement : il est prévu toute une série « d’observations », y compris de séquences pédagogiques. Il est évident que l’accord préalable des collègues doit être sollicité pour une observation qui ne relève pas de l’accompagnement individuel ou du rendez-vous de carrière. Accord nécessaire également pour des entretiens individuels ou collectifs : il ne peut y avoir de convocation ! Là encore, nous conseillons d’adopter une stratégie collective et de discuter l’opportunité de mandater des collègues pour éventuellement être entendu.e.s dans le cadre d’entretiens qui seront fortement cadrés par une « organisation préétablie avec le chef d’établissement ».

    - Le rapport d’évaluation externe :

    Dans les 30 jours qui suivent la visite, les évaluateurs externes doivent envoyer au chef d’établissement un « pré-rapport » qui serait ensuite restitué en conseil d’administration. Le document de cadrage suggère que « l’établissement a la possibilité, s’il le souhaite, de produire une réponse écrite qui sera jointe au rapport définitif ». À ce stade, il n’est pas prévu de vote pour adopter ce rapport, ni de l’intégrer au projet d’établissement, ce qui le rendrait contraignant et dangereux : « L’évaluation est destinée avant tout à l’établissement lui-même. Le regard porté par les évaluateurs externes doit à ce titre être à la fois exigeant et respectueux. […] Exigeant parce qu’il s’agit de situer les réussites de l’établissement par rapport à des objectifs et attendus nationaux ou académiques [...] (ils) proposent des actions concrètes, des outils, des démarches, internes et externes, qu’il s’agisse de modalités d’enseignement, d’accueil des élèves, de formations, de projets ou de partenariats ».

Nous conseillons :

  • de demander ce document préparatoire avant même la communication officielle qui doit intervenir au plus tard 8 jours avant la séance du CA
  • de demander la composition du CA « élargi » pour la « restitution »
  • de rédiger une réponse écrite qui pourra prendre la forme d’une motion
  • et d’organiser une heure syndicale pour la préparer.

    Pour animer vos HIS « auto-évaluation », un diaporama est à votre disposition :


    L’intégration du rapport final au projet d’établissement est susceptible de contraindre la liberté pédagogique : il faut donc être très vigilant car il ne s’agit pas seulement d’une énième usine à gaz bureaucratique, mais bien d’un dispositif réfléchi pour obtenir des équipes qu’elles consentent à confier les clés de leur métier et de l’établissement à son.sa seul.e chef.fe, réduit.e lui/elle aussi à un rôle d’exécutant.e volontaire.

Comment refuser ?

Plus d’infos : ici

=> Donc, il faut refuser d’entrer dans la démarche, ou bien y entrer de façon lucide pour la vider de ce qu’elle pourrait avoir de dangereux pour l’établissement.

1- Investir le procédé => dénoncer le manque de moyens

OU

2- Ignorer => aucun caractère obligatoire pour ces réunions

3- Dénoncer la pseudo-concertation : => ne pas participer

L’action et les analyses du SNES-FSU Lyon ont déjà permis de neutraliser l’auto-évaluation dans de nombreux collèges et lycées. Pour vous aider la section académiques3lyo@snes.edu et les sections départementales (Ain : s2ain@lyon.snes.edu, Loire : s2loire@lyon.snes.edu, Rhône : s2rhone@lyon.snes.edu) peuvent animer des heures d’info syndicale dans vos établissements pour vous informer sur ce dispositif.

Attention à l’effet boomerang de l’auto-évaluation !