Avec notre cher ministre, nous sommes toujours PREAU pire mais là il a vraiment visé PREAU ! Lors du Grenelle de l’Education, la proposition 5 consistait à créer l’équivalent d’un « CE » pour les personnels du ministère de l’Éducation Nationale. Voilà, qui aurait été inattendu… La FSU, et donc le SNES, qui portent une véritable action sociale en faveur des personnels l’avaient PREAU mot !
Alors que la fonction publique hospitalière a le Comité de Gestion des Œuvres Sociales (CGOS) depuis 1960, que le ministère de la Défense bénéficie d’un Institut de Gestion Sociale des Armées (IGESA) depuis 1966, dans l’Éducation Nationale nous n’avions rien ou plutôt, comme à l’accoutumée, comme pour les dépenses de formation, de médecine de prévention… pas grand-chose venant d’un État qui s’exonère, envers ses agent.e.s, des obligations qu’il impose aux autres employeurs. Outre tout un tas d’organismes originaires de l’économie sociale et solidaire et bien souvent relevant de l’auto-organisation et de l’auto-gestion (comme le GCU créé en 1938 par des enseignants), la Fonction Publique d’État a, à l’issue d’un long combat, commencé à obtenir une structure paritaire consultative en matière d’action sociale depuis seulement 1995 : les Sections Régionales Interministérielles d’Action Sociale (SRIAS). Force est de constater que l’État n’y a jamais consacré les moyens financiers nécessaires : ainsi, à titre de comparaison, les employeurs du CGOS y consacrent 1,35 % de leur masse salariale tandis que les agents statutaires des Industries Électriques et Gazières savent qu’1 % des bénéfices réalisés par la branche est attribué à la CCAS, Caisse Centrale d’Activités Sociales.
Les SRIAS qui sont gratuites et ouvertes à tous les agent.e.s actif.ve.s et retraité.e.s et leurs familles ne font que ce qu’elles peuvent car l’État ne leur accorde que 0,2 % de sa masse salariale. Composées pour moitié de représentant.e.s syndicaux.ales qui les animent, elles proposent pourtant des solutions pour la petite enfance (crèches, garde d’enfants), installation et logement, restauration, action culturelle (abonnements, vacances et loisirs, sport et culture, colonies de vacances, voyages, sorties, arbres de Noël…), aide à la personne et au handicap…
En n’allouant pas les sommes nécessaires, l’État employeur, à commencer par notre ministère, spolie des personnels déjà gravement touchés par une lourde de perte de pouvoir d’achat, d’une partie de leur salaire indirect, de leur salaire social, et des avantages matériels équivalents auxquels bien des salarié.e.s ont droit dans leur CE ! Et voilà, que soudain, à grand renfort de mails, de communication institutionnelle et hiérarchique (en témoignent les nombreux tweets du ministre et des recteurs.trices), surgit l’association PREAU !
Préau : des annonces sur des prestations culturelles et sociales et après ? Quel financement ? Quel pilotage ? Quelle place pour les personnels ? Le SNES-FSU Lyon fait le point. Le lancement de l’association Préau (censée proposer aux personnels des offres pour accéder à des prestations culturelles, sociales, de loisirs etc) s’accompagne de nombreuses questions : financement, gouvernance, articulation avec l’action sociale. A ce jour, il reste encore de trop nombreuses zones d’ombre !
Avec un moteur de recherches bien connu, voilà ce qui apparaît lorsqu’on saisit « association préau » : « améliorer la vie quotidienne de tous les personnels du Ministère de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports ». C’est une association payante (comme d’autres avant elle) à 10€ par an pour un accès soit à des offres promotionnelles ridicules soit à un onglet résumant justement l’action sociale à laquelle les agent.e.s ont normalement droit et accès gratuitement ! Sur la page d’accueil du site PRÉAU (education.fr) apparaissent 3 onglets : Présentation, Activités et Action Sociale. Une lecture rapide de cette page sous-entend donc que Préau s’occupe de l’Action Sociale. Pour la FSU, la confusion entretenue entre l’Action Sociale et Préau est inquiétante, cela ne relèverait-il pas de publicité mensongère pour faire engranger des adhésions ? Même si le ministère communique sur le fait que PRÉAU n’a pas vocation à traiter l’action sociale ministérielle, on sent bien qu’il commence à déléguer des choses. Dorénavant seul.e.s les adhérent.e.s à Préau auraient droit à une bonne communication, mais que se passera-t-il pour la majorité des personnels non-adhérent.e.s ? Depuis des années, les organisations syndicales siégeant dans les instances de l’Action Sociale dénoncent ce manque de communication : pour la FSU, cette communication sur les droits des personnels relève des devoirs de l’Etat employeur. Pour la FSU, l’amélioration de la vie quotidienne des personnels ne passera pas par des éventuelles prestations proposées par Préau, mais par une augmentation générale des salaires de tous les salariés de la Fonction Publique avec une amélioration significative de la valeur du point d’indice. C’est pourquoi la FSU et ses syndicats appellent l’ensemble des fonctionnaires à rejoindre la grève interprofessionnelle du 27 janvier prochain.
« Voeu formulé par la FSU lors de la Commission Académique d’Action Sociale de l’Académie de LYON réunie le 07 janvier 2022 et soumis au vote : La Commission Académique d’Action Sociale de l’Académie de LYON demande que le ministère impose à l’association PREAU de faire disparaître toute communication sur l’Action Sociale figurant sur son site » (voté pour par la FSU, UNSA et FO)
Alors que nous reste-t-il ? Les agent.e.s qui y sont éligibles sont en revanche vivement encouragé.e.s à aller, à partir du 3 janvier 2022, chercher leurs nouveaux PASS-EDUCATION, bien gratuits, eux, valables de 2022 à 2024 et renouvelables de 2025 à 2027. Assurez-vous de bien les obtenir auprès de votre établissement qui doit normalement les avoir demandés avant le 16 décembre sur, cela ne s’invente pas… une plate-forme privée !
On nous avait promis un comité d’établissement, et voilà qu’en lieu et place, il s’agit d’une offre qui pèse sur les agent.e.s, à la structure assez opaque (une association nationale avec un conseil comprenant une dizaine de membres (dont l’un était étrangement déjà membre de la commission du Grenelle planchant sur cette question), empruntant une signalétique officielle tricolore, hébergée 110 rue de Grenelle et surtout adossée au groupe privé EDENRED gérant le secteur très lucratif des chèques-restaurants et à laquelle l’ensemble des données adhérent.e.s serait reversé via sa filiale prowebCE ...
On résume : pas un euro de plus pour les SRIAS gratuites dont on pompe l’info, une association pas très claire qui prend 10€ à chaque agent.e adhérent.e par an et qui cède du coup toutes ses données personnelles… PREAU n’est pas un cadeau, y adhérer c’est risquer de tomber de PREAU !
Plus d’infos ici : Association Préau : derrière la vitrine, des questions sans réponse - SNES-FSU