Les zones à faibles émissions (ZFE), qui devront être mises en place dans une quarantaine d’agglomérations d’ici à 2025, ont pour but affiché d’améliorer la qualité de l’air en limitant la circulation et le stationnement à l’intérieur de la zone aux véhicules les moins polluants. En avril 2020 on dénombrait 240 ZFE dans 13 pays de l’UE. La Métropole de Lyon a été parmi les premières à instaurer une ZFE.
5 communes sont concernées par la ZFE :
- la quasi-totalité des arrondissements de Lyon,
- les secteurs de Villeurbanne, Bron et Vénissieux situés à l’intérieur du boulevard périphérique Laurent Bonnevay,
- et l’ensemble de la commune de Caluire-et-Cuire.
Au 1er janvier 2024 ce sera le tour des Crit’air 4, et en 2025 des Crit’air 3 (diesel immatriculés avant le 31 décembre 2010 et essence immatriculés avant le 31 décembre 2005). Pour les véhicules Crit’air 2 (diesel d’avant le 31 décembre 2011 et essence d’avant le 31 décembre 2010), le président de la Métropole vient de décider de repousser l’échéance de 2026 à 2028.
La ZFE devait être étendue à l’est et au sud de Lyon. Devant la protestation d’élus, elle sera aussi étendue à l’ouest.
Ce qui pose problème, c’est le caractère socialement injuste de la mesure. En effet, les aides accordées pour changer de véhicule et se débarrasser d’un véhicule trop polluant sont bien insuffisantes au regard du prix des voitures. En cumulant les aides de la Métropole et celles de l’État, un particulier peut percevoir 7 000 euros pour changer de véhicule, si ses revenus sont extrêmement faibles. La Métropole a prévu un fonds de 4,85 millions d’euros pour accompagner les propriétaires de Crit’Air 5. Or, en décembre 2022, elle avait voté l’attribution de seulement 13 000 euros d’aides, à 10 personnes. Peut-être les automobilistes sont-ils mal informés (un-e Lyonnais-e sur 5 ne demande pas les aides sociales auxquelles il/elle aurait droit). Mais surtout, il est évident que les propriétaires de vieux véhicules n’ont pas les moyens d’en changer.
Les critères d’attribution des vignettes posent question : un SUV Porsche Cayenne essence de 440 CV bénéficie d’une vigette Crit’Air1 alors qu’une Renaul Clio diesel de 75 CV ne reçoit qu’un vignette Crit’Air2. En outre, les voitures électriques ou hybrides ont-elles un avenir ? Le réseau électrique serait-il en capacité de les alimenter si tout le monde s’en dotait ?
La question plus fondamentale est celle des alternatives à la voiture, la meilleure et la plus universelle restant les transports en commun. Et c’est bien là que le bât blesse tant pour ce qui est de l’extension du réseau, du maillage du territoire par les bus, trams, métros, trains et cars que de la durée du trajet, de la fréquence et des tarifs.
Claude Stancic