Le 30 novembre s’est déroulé au rectorat un groupe de travail concernant la réforme du lycée. Pour nous, ce groupe de travail était une première occasion d’empêcher le renvoi au local de la mise en place de cette réforme qui avance à marche forcée, dans le brouillard et sans pilote.
Etaient présents :
- La Rectrice, le Secrétaire Général, les Inspecteurs d’académie de la Loire, de l’Ain et du Rhône
- Les 2 doyens des inspecteurs : E. Maurau (maths)/ C. Vercueil/Simion (HG)
- Des chefs d’établissement
- Pour la FSU : Ludivine Rosset (secrétaire académique du SNES), Estelle Tomasini (SNES) Rindala Younès (SNES), Eric Stodezick (Secrétaire académique du SNEP)
- Pour FO : Mickaël Jouteux
Grâce aux nombreuses remontées des établissements, nous avons pu étayer nos questions et notre argumentaire d’exemples précis.
Nous avons rappelé, en préambule, notre opposition à la réforme du lycée et du bac. Nous avons dénoncé les disparités territoriales qu’elle impliquait, le danger qui existait quant à l’offre de formation, notamment dans les petits établissements et les lycées isolés. Nous avons exprimé nos inquiétudes quant au devenir des options, des DNL et à la diversité des langues.
Nous avons témoigné des inquiétudes très fortes des personnels, en lien avec les échéances très prochaines, notamment en raison du manque de données et des informations fluctuantes (constitution des territoires, constitution des trinômes ...)
Nous avons rappelé les problèmes que cela posait quant à l’orientation de nos élèves et à l’organisation pratique de la rentrée.
Nos questions ont porté sur les critères qui présidaient à l’implantation des spécialités, notamment des spécialités rares et à l’implantation des options.
Nous avons demandé comment étaient organisés les réseaux.
Nous avons demandé quelles seraient les modalités de calcul des DHG et demandé comment seraient réparties les marges académiques.
Nous avons posé la question des nouvelles disciplines hybrides.
Nous avons enfin demandé à la rectrice comment seraient gérés les flux d’élèves, la carte scolaire et l’orientation.
Au-delà des éléments de langage relayés par Mme la rectrice et les IA-IPR, les chefs d’établissement ont montré leurs inquiétudes en ce qui concerne la mise en place de cette réforme (problème de calendrier, scepticisme quant au travail en réseaux et au principe de libre choix des familles, impossibilité de fonctionner avec les marges d’autonomie de 8H en première et terminale. Recours aux compléments de service dès la rentrée prochaine. Suppressions conséquentes de postes à la rentrée 2020)
Voilà les informations concrètes que nous avons de longue lutte réussi à obtenir :
La marge académique
Les options à 6h (création culture design et arts du cirque) seront financées, sans qu’on sache à quelle hauteur exactement.
L’APM (allocation progressive de moyens qui était destinée jusqu’à présent aux établissements identifiés comme « fragiles ») est maintenue mais elle sera élargie aux petits établissements et aux établissements isolés pour permettre en partie le financement des spécialités. Là encore aucun critère précis n’a été énoncé et évidemment nous ne connaissons pas le volume global consacré à cette APM dans un cadre budgétaire de diminution des moyens octroyés aux académies.
Les réseaux
Aucune information précise. Manifestement les réseaux sont mouvants en fonction des problématiques. La question de la grande région académique doit être considérée notamment sur la question des spécialités rares.
Selon la rectrice, les déplacements d’élèves entre lycées même proches, doivent être évités. Les professeurs peuvent en revanche être « invités » à se déplacer !
La question du numérique (des mooc par exemple) doit être considérée comme une solution pour un certain nombre d’enseignements et notamment pour les spécialités rares.
Les spécialités :
Principes académiques :
Pour la Rectrice tout élève a le choix de ses spécialités et des trinômes (puis trinômes) qu’il composera.
Nous avons dit que cela nous semblait assez irréaliste, déconnecté du souci d’orientation et que nous avions des informations très contradictoires de la part des établissements.
Et par ailleurs, une telle disposition paraît incompatible avec la répartition des heures et les créations-suppressions de postes qui elles doivent être établis en février.
Les spécialités classiques :
- Pour la majorité des lycées : les 7 spécialités classiques doivent être proposées
- Pour les « petits » lycées :
— Si le lycée a 1 première générale : 4 spécialités « classiques » maximum
— Si le lycée a 2 premières générales : 5 spécialités « classiques » maximum
— Si le lycée a 3 ou 4 premières générales : 6 spécialités classiques maximum
On retrouve ici une des fondements de la réforme que nous contestons : une réduction de l’offre de formation à l’échelle des établissements et donc une aggravation des inégalités territoriales. Ceci ne va par ailleurs qu’accentuer un peu plus la concurrence entre les établissements et les effets de contournement de carte scolaire.
A nous d’exiger le maintien de la diversité de formation sur tout le territoire.
- LLCE : une seule langue est bien concernée à chaque fois, la rectrice veut « éviter » d’implanter plusieurs LLCE dans le même établissement (a priori, sauf examen au cas par cas) et donc si on implante la LLCE « anglais » on n’implante pas la LLCE espagnol.
Nous avons dit notre inquiétude en ce qui concerne la diversité des langues, là encore c’est bien la richesse de l’offre de formation qui est remise en cause.
Par ailleurs, si une section binationale dans un lycée est implantée, le rectorat veut éviter d’implanter une LLCE concernant la même langue
ex : Esabac en italien à Tarare : si implantation d’une LLCE, elle ne doit pas être en italien.
Les spécialités rares :
- SI : reconduction de l’existant « peu ou prou » (à condition évidemment que l’établissement en fasse la demande). C’est du moins le principe de départ sur lequel se fonde l’Académie de Lyon. Néanmoins, comme il s’agit d’une spécialité rare dont l’implantation est nationale, il s’agit de savoir comment la question sera envisagée par les autres académies de notre région académique ( Clermont et Grenoble)
- NSI : La spécialité sera implantée en fonction des ressources humaines de l’établissement : des collègues habilités ISN qui acceptent de faire la formation lourde (=DU) qui est prévue hors temps scolaire (et notamment pendant les vacances).
Groupes de 20/24 élèves maximum.
Un capes et une agrégation « informatique » devraient se mettre en place prochainement.
- ARTS : le rectorat retiendrai comme principe de « maintenir l’existant » autrement dit, dans un établissement où la spécialité art (l’option lourde) est implantée, le nouvelle enseignement de spécialité est maintenu.
En revanche aucune garantie pour les enseignements artistiques optionnels et si l’établissement a plusieurs option artistiques (arts plastiques, musique, théâtre), il semble que seule une des spécialités sera finanée.
- LLCA : très peu de remontées des établissements demandant la spécialité. Il s’agira de mettre en réseau les établissements (financement à gérer). Possibilité de regrouper avec l’option LCA.
Nous avons dit notre inquiétude en ce qui concerne es établissements isolés (ex Trévoux), d’autant plus que là encore, le rectorat ne donne aucune information sur sa volonté de maintenir l’enseignement des langues anciennes en option.
Attention : 1 spécialités rare au maximum peut être implantée dans un lycée de cette taille.
DNL
Attente du texte ministériel. Cependant, pas de financement spécifique, ce sera à prendre sur les marges d’autonomie
Nous avons dit notre inquiétude en ce qui concerne le devenir des postes spécifiques académiques
Nous avons rappelé l’importance des sections européennes en terme de mixité dans les établissements et les classes et par ailleurs, un tel enseignement ne peut pas se maintenir dans les faits sans un financement spécifique.
- Les disciplines hybrides
Les doyens des inspecteurs refusent de faire des préconisations sur la discipline des collègues qui doivent prendre en charge ces disciplines. Ils renvoient la décision aux chefs d’établissement
Pour l’enseignement « sciences numériques et technologie » en seconde il y aura des formations mais le vivier des collègues concernés n’a toujours pas été établi.
Pour la spécialité « Histoire Géographie, géopolitique et sciences politiques » il est possible que les programmes soient revus pour laisser une place plus grande aux SES
- Les certifications en langue
Les textes prévoient une généralisation de ces certifications à l’ensemble des élèves de terminales. Nous avons dit notre refus de ces certifications par des organismes privés d’autant plus qu’aucun moyen n’est jamais octroyé aux équipes pour les faire passer.
Les IPR ne répondent que par le biais d’une formation offerte à davantage d’enseignants sans répondre sur le fond ni même apporter de réelles réponses sur le fait que en terminal, alors que le nombre d’heure de LV est notoirement insuffisant, les enseignants doivent préparer leur élèves à un programme et des épreuves de bac en spécifiques qui n’ont rien à voir précisement avec les certifications.
Prochaines échéances
Le rectorat prévoit :
- 14 décembre : Commission académique des Langues vivantes
- GT « carte des spécialités » préparant le CTA du 15 janvier (La carte des spécialités devrait enfin nous être communiquée).
Et nous ? On continue la mobilisation !
- Il faut informer les parents, via les CA ou des réunions locales (dans le Rhône une réunion a lieu le 5 décembre à la Bourse du travail).
- Pensez à nous transmettre les motions, lettres, … mais plus généralement toutes les actions que vous pouvez engager à l’échelle de votre établissement.
- L’opération « désintox » doit commencer dès maintenant !
- Mobilisons nous le 19 décembre pour refuser de tels choix qui vont à l’encontre de la réussite de tous les élèves et qui dégradent nos conditions de travail, attaquent le cœur de nos métiers et menacent nos postes.
- Rassemblements à Lyon, à St Etienne et à Bourg en Bresse le 19 décembre !