La reprise, même progressive, soulève des questions très concrètes également pour les CPE. Elle met en lumière les enjeux sanitaire, organisationnel, éducatif et pédagogique. Le défi est de taille pour les espaces vie scolaire, la gestion des flux et des personnes, l’accueil aux entrées et sorties d’établissements. Loin d’exempter l’institution, les CPE entendent penser en équipe les conditions d’accueil. Définir collectivement des objectifs à cette reprise, organiser ensemble la prise en charge (éducative, sociale, psychologique, médicale, sanitaire) des élèves sont des impératifs.
Dans un contexte où le moindre geste quotidien revêt une complexité extrême, nos pratiques professionnelles sont à réorganiser sans perdre de vue les objectifs pédagogiques et éducatifs. Le fonctionnement de la vie scolaire peut varier d’un établissement à l’autre en fonction de l’organisation pédagogique retenue en équipe : maintien des différents groupes d’élèves dans une même salle, organisation des cours sur des demi-journées et non plus des journées complètes, etc. Il est souhaitable que l’ensemble de ces préconisations temporaires fasse l’objet d’une présentation en CA.
S’il est bien évident que ces contraintes sanitaires sont à l’opposé des enjeux de sociabilité d’un établissement scolaire, l’organisation des espaces vie scolaire est à repenser en fonction de la nécessité de limiter les brassages d’élèves et les circulations des personnes.
Repenser l’accueil des élèves et des familles
- Le bureau vie scolaire. Limiter le nombre d’élèves en fonction de la superficie de la pièce. Installation d’une protection pour le comptoir d’accueil (plaque de plexiglas ou mise en place d’une signalétique pour maintenir une distance d’un mètre minimum) ? Un seul et même personnel AED sur ce poste par demi-journée ou journée pour éviter les trop nombreuses rotations. Limiter au strict nécessaire le matériel partagé et les échanges de documents (dépôt par l’élève des documents à remettre dans un carton dédié avec une temporisation de quelques heures avant manipulation ?). L’utilisation du carnet de correspondance est à proscrire. Réorganiser l’espace de travail des AED sur plusieurs salles si le local ne permet pas de se retrouver en équipe dans le respect des règles sanitaires. Repenser l’organisation du travail afin d’éviter au maximum les manipulations : fiches, dossiers élèves, documents administratifs… <br
- Le bureau de CPE. Limiter les circulations dans le bureau. Possibilité d’une salle à part dédiée aux entretiens avec les élèves et avec les familles ? En cas de bureau partagé, prévoir l’organisation en pôle dans le respect des distances. Réfléchir aux modalités de travail en équipes pluriprofessionnelles, aux temps de concertation. Comment, par exemple, gérer la question des sanctions punitions dans ce nouveau contexte ? Le recours aux outils traditionnels, renvoi de cours, mise en retenue…s’avère peu pertinent. Quelles réponses éducatives ? Le sujet sera certainement à travailler. <br
- La salle d’étude. Afin d’éviter les circulations et le brassage d’élèves, la fermeture de celle-ci peut-elle être envisagée et remplacée par le déplacement de l’AED dans la salle du groupe élèves ? Quelle articulation avec le CDI si celui-ci reste ouvert ? <br
- FSE, maisons des lycéens. Peut-être la réouverture, du fait des contraintes sanitaires, ne sera-t-elle pas possible dans un premier temps. Il convient de définir les priorités en équipe en fonction de la faisabilité et des moyens en personnels. <br
- Demi-pension et internat. Là également, les modalités d’ouverture sont à définir en équipe, dans la mesure de la faisabilité. Les modalités à prendre en compte sont conséquentes : temps de passage, circulation, distribution des repas, gestion des matériels collectifs (plateaux, couverts, brocs d’eau…). Le travail d’encadrement des AED n’en sera que plus important. La complexité de fonctionnement ne permettra pas malheureusement d’accueillir tous les élèves et ne répondra pas à la problématique des enfants dont le repas pris dans l’établissement reste le seul de la journée. Idem pour l’internat où les contraintes sont encore plus fortes : un élève par chambre ? Un sanitaire (wc, douche, lavabo) par interne ? Privilégier des temps en chambre plutôt que dans les espaces collectifs ? L’effectif pouvant être accueilli en sera fortement dégradé.
Même modalités de nettoyage, de désinfection des espaces vie scolaire et du matériel (clavier d’ordinateur, téléphone…) que pour l’ensemble de l’établissement. Masques, gel et spray désinfectant mis à disposition des personnels. <br - Cour de récréation. Comment conserver un rôle de socialisation, de convivialité à cet espace dans le contexte de préconisations sanitaires strictes : respect de la distanciation physique, neutralisation des bancs, interdiction des jeux de contact et échanges d’objets ?<br
Et les personnels ?
L’organisation de l’établissement retenue, ainsi que le nombre d’élèves accueillis peut amener à réaménager le travail des AED dans le respect de leur contrat (temps de travail, emploi du temps, missions…). Le respect par les élèves de la distanciation physique et des gestes barrières risque de monopoliser les AED, de même que celui des règles de circulation : entrée et sortie de l’établissement, intercours, récréations…
Le risque pour les CPE, dans cette phase, est d’être également phagocyté par toute cette organisation. Le suivi éducatif des élèves doit rester plus que jamais leur mission prioritaire, notamment pour ceux qui auront été les plus fragilisés. Ils gardent en effet toute leur place dans le nécessaire « recueil de la parole » des élèves en restant un de leurs interlocuteurs privilégiés au sortir de cette période traumatisante.
Une reprise, donc, dans des conditions très contraintes, rendue possible pour le moment par le faible effectif attendu. Cette crise sanitaire souligne le manque criant de personnels vie scolaire. Elle doit être l’occasion de moyens supplémentaires en CPE, AED, personnels médico-sociaux dans le cadre d’un plan de relance pour la rentrée 2020. La rentrée de septembre se construit aujourd’hui.