7 avril 2020

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Bilan du questionnaire CPE, exercer le métier pendant le confinement

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Bilan du questionnaire CPE, exercer le métier pendant le confinement

En premier lieu, un grand merci à celles et ceux d’entre vous qui ont répondu à cette enquête dans un délai aussi court.
Dès le début du confinement, l’absence de consignes claires, voire contradictoires n’a pas aidé pour la mise en œuvre de la continuité pédagogique, en dépit des propos rassurants du ministre « on est prêt ».
On voit bien que la pertinence de l’adaptation de nos pratiques a été complétement fonction du type de pilotage des chefs d’établissement, et notamment, de leur capacité à gérer leur propre stress devant le caractère inédit de la situation.

Les CPE, laissée seuls…
Dans l’enquête, 76,74% des CPE disent ne pas avoir reçu de consignes spécifiques pour l’exercice du métier de CPE à domicile. Lorsque les CPE ont eu des consignes, il s’agissait d’appeler les familles avec leurs propres téléphones pour transmettre différents codes….
Cette demande est très disparate, puisqu’elle s’étend sur un spectre allant du contact obligatoire quotidien à celui obligatoire hebdomadaire.
Cela induit des disparités puisque 58,14% d’entre nous n’ont pas reçu de consignes précises du chef d’établissement ou des IPR concernant la régularité des contacts avec les élèves

Avec des problèmes techniques…
D’ailleurs, 48,84% des CPE ont eu des difficultés d’ordre technique ou technologique dans le cadre de la mise en place de la continuité pédagogique. Dans ces situations-là, pour 47,82 % aucune aide technique n’a été proposée ni aucun matériel informatique de prêt pour 78,09 % d’entre nous. Ajoutons à cela une quantité colossale d’appels téléphoniques et de mails lancés par les équipes d’éducation, ne compensant pas d’une part la qualité d’échanges et de transmission que nous entendons avoir avec nos élèves, d’autre part, ne compensant pas un fort sentiment de perte de sens, tant chez les élèves que chez les collègues.

Des difficultés de lien avec les familles, les élèves et les professeurs…
Le suivi des élèves cœur du métier est quand même très impacté car 48,84 % des collègues estiment que le lien avec les familles est irrégulier et avec les élèves 41,86 %. On fait le constat qu’en plus des problèmes matériels, les élèves ne réagissent immédiatement comme le souhaite nos directions, mais préfèrent espacer les contacts avec les CPE, dont une partie de l’action consiste à leur rappeler qu’ils doivent travailler et rendre les devoirs demandés. Par ailleurs, nous sommes 51,16 % à déplorer un travail en équipe moins important qu’avant, et avoir du mal à suivre les démarches hétéroclites des professeurs.

Mais avec des injonctions institutionnelles…
Les CPE se sont retrouvés seuls et démunis pour faire face. Les IPR ont alors demandé des retours des pratiques ou outils qui étaient mis en œuvre. Dans la précipitation, certains ont présenté des initiatives personnelles, déconnectées des missions, loin du partage d’expérience. En effet, les outils inventés pour l’utilisation des AED, les tableaux de répartition des appels des familles par les professeurs principaux par exemple…, montrent bien la volonté de contrôle de l’institution sur le travail des CPE durant cette période de crise.

Sans respect du cadre réglementaire.
Ce que l’on peut noter, c’est en ce qui concerne la prescription de notre métier, les chefs et les IPR sont assez outillés et parfois grâce à la naïveté de certains d’entre nous. Pour autant lorsqu’il s’agit de nous prémunir réglementairement, cela est plus que compliqué. Ainsi, 60,47 % d’entre nous, n’ont eu aucune information quant à l’application du Règlement Général de la Protection des Données dans le cadre de la continuité pédagogique. Il est à parier que nombre d’entre nous, avons certainement commis des fautes lorsque, par exemple, nous avons eu comme commande : remontez Noms, Prénoms, Adresses, des élèves qui n’ont pas de matériel informatique à leur disposition.

Pour finir
En conclusion de cette enquête, nous surfons sur ce que notre conscience professionnelle nous fait mobiliser pour maintenir le lien éducatif et pédagogique pour la réussite de nos élèves.
Chacun avec nos propres valeurs, nous improvisons nos pratiques, transposées tant bien que mal à une situation inédite où nous nous retrouvons seuls en face de notre ordi et de notre téléphone.
Le cœur de notre métier s’inscrit dans un suivi de l’élève par des contacts appropriés, réfléchis, pour que le fil ne soit pas rompu.
Avec ou sans numérique, comme pour les enseignants, notre métier reste un métier de conception.

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