Parmi les attaques menées par le ministre contre nos métiers et nos conditions de travail, il y a la redéfinition de l’Education Prioritaire. Il est hors de question d’attendre sans rien faire que JM Blanquer démantèle les REP et menace toute l’Education prioritaire en faisant des économies de moyens au détriment des élèves les plus fragiles. Le SNES de Lyon a organisé une réunion en visio de tous les représentants des établissements de l’Education prioritaire de l’académie le mercredi 6 janvier à 17 h. L’ordre du jour établi était le suivant : Quels bilans et perspectives pour les REP et REP + ? Quelles revendications pour les élèves et les personnels ? ... Notre objectif était de collecter les remontées du terrain et débattre ensemble pour poursuivre et renforcer la politique d’éducation prioritaire, pour une école qui participe à la réduction des inégalités et à la réussite de tou.te.s.
Voici une synthèse de nos échanges :
Concernant les conditions de travail, la stabilisation des équipes afin de réaliser des projets pérennes dans les établissements semble un objectif à atteindre. Pour cela, la pondération REP +, la prime REP +, l’accès à la classe exceptionnelle (vivier 2) ainsi que les points de stabilisation (bonification au terme d’au moins 5 années d’exercice en EP lors des mutations) permettraient aux collègues de supporter plus durablement la charge mentale accrue d’une mission en EP. Le thème des effectifs a longuement été abordé, leur diminution considérable (12 élèves par classe) pourrait améliorer le climat scolaire (4 élèves en moins par rapport aux effectifs d’une classe d’ordinaire n’est pas suffisant !). En outre, la mission de PP en EP (gestion de classe très chronophage, suivi très individualisé des élèves…) nécessite une connaissance fine de la situation familiale et sociale des élèves, élément atteignable avec un apport en moyens humains. Les seuils (25 élèves en cycle 3/26 en cycle 4 sur le papier) devraient être questionnés, ils sont trop peu souvent respectés en réalité dû à la multiplication de dispositifs d’inclusion majoritairement présents dans les établissements EP. La trop grande diversité du public empêche d’ailleurs l’individualisation de son accueil. Enfin, la formation initiale a été remise en cause. Le manque de préparation, d’information et de réalité du terrain d’un établissement EP fait défaut aux jeunes collègues, pour qui l’EP fait peur. Une formation éducative en amont pour se préparer à travailler avec un public relevant de l’EP devrait être proposée à tous les stagiaires. L’image de l’EP devrait aussi être redorée dans la société.
Ensuite, des moyens et une politique ambitieuse de l’EP ont d’abord été proposés pour favoriser la réussite des élèves. Il a été convenu que des équipes pluriprofessionnelles dont les personnels sont affectés à temps plein dans les collèges EP (AESH, infirmier.e.s, AS, CPE…), voire un orthophoniste à l’école, apporteraient de meilleures facilités de travail en équipe et une gestion plus rapide des situations des élèves. La mixité scolaire est aussi apparue comme indispensable pour la réussite des élèves d’origine populaire. Pour cela, l’image de l’école publique devrait être renforcée pour empêcher la fuite vers le privé. La concurrence entretenue par le MEN lèse la capacité de recrutement du public, dont la politique de labellisation n’est pas un vecteur d’exode (les parents ne sont pas clientèlistes, comme le pense JMB !), c’est bien la réputation (violence) des établissements qui fait fuir !
En ce qui concerne la labellisation, le problème ne réside pas tant dans les critères de labellisation que dans le contingement du nombre d’établissements EP nationalement. De plus, les critères connus pour entrer en EP sont parfois sous-considérés face à l’intervention politique locale militant contre la labellisation d’un établissement.
Nos échanges se sont terminés sur les manières de susciter le volontariat d’exercice en EP. La formation continue (en sus de la formation initiale déjà mentionnée) serait à développer (aucune formation PAF sur le thème de l’accueil du public EP). Enfin, l’élargissement de la prime REP + aux REP et à tous les personnels y exerçant (AED, AESH…) renforcerait la pérennité des équipes en poste.
La FSU organise les Etats Généraux de l’Education prioritaire au niveau national le 28 janvier pour coordonner toutes les revendications et permettre de peser au niveau national sur cette réforme de l’EP. Nous présenterons nos idées échangées alors.